Lorsqu'on interroge les enjeux qui émergent à propos de l'éducation au carrefour situé entre la famille et l'école, les concepts de « co-éducation » et de « soutien à la parentalité » apparaissent souvent associés dans la littérature spécialisée. Ces deux notions renvoient non seulement à des cadres légaux mais aussi à des pratiques différenciées mais qui se chevauchent ou se superposent dans certains contextes institutionnels voire dans le chef de certains acteurs professionnels de l'éducation. Or, l'amalgame des deux notions dans un même cadre épistémologique produit le plus souvent une confusion qui s'avère extrêmement préjudiciable tant au niveau de l'analyse des praxis de la part des différents acteurs éducatifs, que du point de vue du contenu de leur formation professionnelle ou de leurs actions sur le terrain.
Dans le contexte des relations « école-famille », la co-éducation s'impose le plus souvent comme une évidence reconnue dans les systèmes politique et institutionnel de nos sociétés occidentales. Très tôt dans le développement de l'enfant, l'éducation familiale est mise à l'épreuve de l'éducation scolaire. Parallèlement, l'enseignement ne peut plus remplir ses missions indépendamment des modèles et des contextes éducatifs familiaux. L'harmonisation de ces deux bains de vie ne se réalise toutefois pas sans mal. Parce qu'elle est devenue une composante sociétale incontournable, la co-éducation impose certaines exigences aux différents acteurs de l'éducation. L'obligation scolaire et l'injonction sociopolitique donnée aux enseignants de collaborer avec les familles désignent un cadre de collaboration contrainte prenant plus souvent la forme d'une paix armée que d'un partenariat souhaité. Du côté des familles, l'articulation avec l'école impose certaines limites qui visent à maintenir l'espace familial hors du champ scolaire pour éviter que la co-éducation ne se transforme en co-enseignement. Dans un univers social en mutation où l'espace éducatif se partage, entre autres, entre l'école et la famille, nous évoquerons d'abord l'évolution et l'actualité du questionnement à l'œuvre au creux de l'articulation entre ces deux milieux de vie.
Contrairement à la co-éducation, le soutien à la parentalité n'est pas l'affaire de l'école. Il s'inscrit dans un paradigme fondamentalement distinct qui pose la protection de l'enfant et son épanouissement individuel comme des normes sociétales. Ce paradigme du soutien à la parentalité s'inscrit dans un contexte d'intervention socialement légitimé au sein duquel les acteurs psychosociaux agissent au nom du système social pour corriger les dysfonctionnements familiaux, soutenir les compétences parentales et améliorer les performances éducatives que les parents sont en mesure de réaliser. La formation au soutien à la parentalité doit donc permettre aux acteurs sociaux d'intervenir auprès des familles soit par souci de prévention, soit pour éviter ce qui s'y passe mal, soit pour favoriser des compétences présentes, mais peu exprimées, tout en préservant le pouvoir d'agir de tous les acteurs (parents et enfants). Dans le cadre de l'éducation familiale, le soutien à la parentalité fait figure de proue. Il se situe aux confins des problématiques éducatives qui se cristallisent au sein des multiples configurations de la vie familiale. Nous présenterons les questions que le soutien à la parentalité fait émerger à propos de l'éducation familiale dans le contexte actuel de la recherche.
Bien que la co-éducation et le soutien à la parentalité se distinguent, ces deux champs ont souvent tendance à se confondre sur le terrain. Cette confusion engendre un amalgame des repères épistémiques et praxéologiques sur des territoires de recherche et d'intervention qui sont proches. Nous examinerons les caractéristiques spécifiques sur lesquelles se fondent culturellement et historiquement les méthodologies propres à la co-éducation d'une part, et au soutien à la parentalité d'autre part. Nous tenterons enfin d'interroger l'évolution convergente de ces deux champs.
Références bibliographiques
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De Muylder, R. (2007), Soutien à la vie de famille dans un contexte de grande précarité, ATD Quart Monde.
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Humbeeck, B. et Lahaye, W. (à paraître en mars 2016), Prévention des violences scolaires, Bruxelles : De Boeck.
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