Outils de recherche > Chercher une contribution par auteur > Challah Rana

L'organisation du travail en milieu scolaire favorise peu la coopération entre les enseignants (Weick, 1976). Or, il semble que le travail coopératif des enseignants favorise leur développement professionnel (Huberman, 1995; Fullan, 1998; Dionne, 2003) et “permet l'implantation de nouvelles pratiques d'enseignement” (Leclerc et al., 2011), ce qui favorise les apprentissages des élèves. De même, la capacité de l'enseignant à travailler en équipe est désormais considérée comme une compétence dans les textes officiels français (MEN, 2008, 2013), ce qui implique de modifier la conception des dispositifs de formation continue.

Au Liban, la formation continue des enseignants du réseau de l'Agence pour l'Enseignement Français à l'Étranger (AEFE) est constituée de trois dispositifs distincts dont l'objectif est respectivement d'intégrer les néo-recrutés dans le réseau ainsi que d'accompagner les enseignants dans leur parcours professionnel. De même, les contenus des formations semblent être plus centrés sur les réformes et les contenus disciplinaires. Ce constat nous pousse à nous interroger sur l'organisation et les contenus de la formation continue du réseau de l'AEFE au Liban : Quels modèles de formation seraient plus susceptibles de favoriser la coopération entre les enseignants, qui semble contribuer au développement professionnel de ceux-ci et, de surcroît, aux apprentissages des élèves ? Quels sont les facteurs qui rendraient la coopération difficile entre les enseignants? Faut-il former les enseignants au travail coopératif ?

Cette communication a trois objectifs:

1) Montrer, à travers la présentation des résultats d'une thèse portant sur l'analyse de l'impact de la formation continue sur la coopération entre les enseignants, que, sur le terrain, l'isolement des enseignants peut entraver les apprentissages des élèves. Plus précisémment, nous présenterons les résultats d'une enquête par questionnaire portant sur l'impact d'un projet APP* (Action Pédagogique Pilote) sur les apprentissages des élèves. Les Actions Pédagogiques Pilotes (APP) consistent en des projets pédagogiques qui ont « vocation à dynamiser l'ensemble des établissements d'un pays ou d'une zone du monde en étant généralisées, transférées et mutualisées ». Il semble qu'un tel projet permet de déclencher une dynamique de travail entre les élèves et de favoriser leur créativité à travers le renforcement de leur estime de soi notamment lors des rencontres et des débats inter-établissements. Selon un rapport de l'UNESCO (1986), "pour motiver les élèves à apprendre, pour les inciter à s'éduquer eux-mêmes, pour les préparer à mettre en oeuvre dans la vie les savoirs, les savoir-faire et les savoir-être qu'ils ont acquis à l'école, il faut leur donner un vécu scolaire proche de leurs intérêts, de leurs démarches naturelles et de la réalité des situations de vie" (p. 15).

En effet, un questionnaire, à échelle Likert, a été adressé aux élèves ayant participé à un projet APP. Le questionnaire adressé aux élèves est réparti en trois thèmes : 1) les modalités de la préparation du projet; 2) l'impact du projet, 3) les éléments de synthèse et les enseignements. Ce questionnaire permet d'identifier les stratégies adoptées par les enseignants en classe pour préparer les élèves au projet APP. Il permet également de recueillir les représentations des élèves quant à l'impact du projet APP. Un deuxième questionnaire destiné aux enseignants ayant participé au projet APP a été élaboré et soumis à ces enseignants en vue de croiser les regards des élèves et ceux des enseignants quant à l'organisation et l'impact du projet APP.

2) Proposer un modèle de formation qui articulerait l'idée de la coopération entre les enseignants à celle des apprentissages des élèves.

3) Montrer la pertinence de ce modèle pour favoriser le développement professionnel des enseignants ainsi que les apprentissages des élèves.

* (www.aefe.fr/pédagogie/innovation)