4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)

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Education au développement durable : quels effets sur les représentations et pratiques liées aux économies d'énergie chez les collégiens en France ?
Frédéric Glomeron  1@  , Evelyne Bois, Françoise Maguin, Mandarine Hugon@
1 : Groupe de Recherche en Enseignement et Formation  (GREF)
Université d'Orléans

Education au développement durable : quels effets sur les représentations et pratiques liées aux économies d'énergie chez les collégiens en France ?

A l'heure de la COP21, des agendas 21, des éco-gestes, la consommation d'énergie et son impact sur l'environnement et la santé sont au cœur des débats politiques, économiques, scientifiques et sociétaux. Dans la perspective d'une transition énergétique, les citoyens de demain doivent être formés et éduqués aux économies d'énergie inscrites dans une démarche de développement durable. Depuis 1977, le ministère de l'éducation nationale a introduit l'éducation à l'environnement, puis l'éducation au développement durable, dans les programmes scolaires avec de nombreuses circulaires (MEN, 1977, 2004, 2007, 2011, 2015).

L'éducation au développement durable, dont une composante est l'éducation à l'énergie, doit être intégrée à tous les niveaux de l'enseignement scolaire, de manière transversale (MEN, 2004). L'éducation est un levier privilégié pour former le futur citoyen, développer son esprit critique et ses connaissances, lui permettant de participer aux débats sociétaux. Pour cela, les enseignants doivent « éduquer au choix et non [...] enseigner des choix » (MEN, 2007). Malgré ces différents cadrages, les enseignants du primaire comme du secondaire se sentent souvent démunis, demandent des formations (Fortin-Debart et Girault, 2007 ; Pommier, 2009), et peinent à travailler la complexité et la transversalité avec leurs élèves (Leinninger-Frezal, 2010). En effet, dans une première étude que nous avons menée sur les discours et pratiques des enseignants à l'égard des économies d'énergie, il apparait que les enseignants de collège éprouvent des difficultés quant à la mise en place de situations d'apprentissage permettant l'acquisition de gestes efficaces. Ils se retranchent derrière les programmes et évoquent le manque de temps, de compétences et de formation (Bätchold et al., 2014). Il semblerait que les activités concrètes permettant l'engagement des élèves et l'appropriation des éco-gestes (avec des transferts vers la vie quotidienne) ne soient pas envisagées par les enseignants. Pourtant, il apparait indispensable d'outiller les élèves pour impulser un changement réel et durable de comportement (Bartiaux, 2009) et ainsi les inscrire davantage dans une « société de modération » (Moussaoui, 2007).

Nous nous centrons, dans la présente étude, sur le point de vue des élèves en questionnant leurs pratiques énergétiques, celles-ci pouvant être influencées par les apports scolaires et les transferts entre l'école et la vie quotidienne (Moussaoui, Bartiaux & Filliastre, 2009). Nous nous interrogeons, plus précisément sur les représentations sociales des élèves de 3ème relatives aux pratiques énergétiques du quotidien. En effet, influencées par les expériences et les relations sociales, les représentations sociales influencent à leur tour les attitudes, pratiques et comportements (Abric, 1994). Nous avons interrogé 257 élèves de 3ème sur cinq établissements (en milieu urbain, semi-urbain et rural) dans la région Centre Val de Loire. Le questionnaire « Représentations, Eco-gestes et Energie », élaboré et validé spécifiquement pour cette étude, a permis de caractériser les représentations (questions ouvertes) et gestes des élèves ainsi que les pratiques familiales (échelles de Lickert), à partir d'analyses quantitatives (logiciel SPSS, version 2012) et qualitatives (longitudinale, transversale et lexicométrique à l'aide du logiciel ALCESTE version 2013, Reinert).

Il apparait que les élèves interrogés possèdent des connaissances issues du milieu scolaire, mais également du milieu familial. Leurs représentations peuvent revêtir différentes échelles : locale et/ou globale et se différencier en fonction du genre, du lieu d'habitation et des pratiques familiales. Les élèves semblent généralement conscients des éco-gestes à mettre en œuvre et de leurs effets. Toutefois, un décalage semble exister entre cette prise de conscience initiée souvent par l'Ecole, les pratiques familiales et la réalité influencée par l'adolescence, un des « âges de la vie » (Garabuau-Moussaoui, 2009).

Ces résultats interrogent l'impact des pratiques enseignantes, notamment sur la manière d'envisager le transfert vers des pratiques quotidiennes durables auprès des collégiens et d'envisager ainsi leur capacité d'agir.

 

Regard réflexif sur la question de recherche

Dans un contexte sociétal où la prise de conscience de l'action de l'homme sur l'environnement est en constante évolution et après avoir intégré l'importance du transfert entre l'école et la maison, nous pourrions nous intéresser à l'évaluation en nous posant notamment les questions suivantes : Quelle méthodologie serait la plus appropriée pour faire face à la transdisciplinarité de ce thème qu'est l'éducation au développement durable et comment mesurer des effets sur le long terme ?

 

Références bibliographiques

Abric, J.C. DIR. (1994). Pratiques sociales et Représentation. Paris, PUF.

Bächtold M et al.(2014), Quelle progression dans l'enseignement de l'énergie de l'école au lycée ? Une analyse des programmes et des manuels. RDST n°10 p 63-92

Bartiaux, F. (2009) Changer les comportements individuels liés à l'énergie : problématisations et instruments politiques. Défi Energie, Bruxelles.

Circulaire n° 77-300 du 29 août 1977 Instruction générale sur l'éducation des élèves en matière d'environnement.

Circulaire N°2004-110 du 8-7-2004. Généralisation d'une éducation à l'environnement pour un développement durable (EEDD) – rentrée 2004.

Circulaire N° 2015-018 du 4-2-2015. Instruction relative au déploiement de l'éducation au développement durable dans l'ensemble des écoles et établissements scolaires pour la période 2015-2018.

Garabuau-Moussaoui, I. (2009) Vers une génération de la modération ? Pratiques, représentations et systèmes de consommation énergétique selon les âges sociaux. In Dobré, M. et Salvador, J. Consommer autrement (p253-265). Paris : L'Harmattan

Fortin-Debart, C. et Girault, Y. (2007). Pour une approche coopérative de l'environnement à l'école primaire – recherche exploratoire auprès d'enseignants du primaire. Education relative à l'environnement. Vol. 6. 97-117.

Moussaoui I. (2007), De la société de consommation à la société
de modération : Ce que les Français disent, pensent et font en matière de maîtrise de l'énergie, Les Annales de la recherche urbaine n°103, 0180-930-X, pp.112-119

Moussaoui, Bartiaux & Filliastre (2009), Entre école, famille et médias, les enfants sont-ils des acteurs de transmission d'une attention environnementale et énergétique ? Une enquête en France et en Belgique...  Burnay N., Klein A. (eds.), Figures contemporaines de la transmission, Namur, Presses universitaires de Namur.

Leininger-Frezal C (2010) Education à l'environnement vers le développement durable : enseignant en difficulté in Zélem M-C, Blanchard O. et Lecomte D. L'éducation au développement durable de l'école au campus, pp 123-129. Paris, L'Harmattan.

Pommier, M. (2009). L'éducation à l'environnement pour un développement durable vu par enseignants de collèges et de lycées. In F. Grumiaux et P. Matagne, Le développement durable sous le regard des sciences et de l'histoire, pp. 49-65. Paris : L'Harmattan.

 


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